La mort du loup | Poème d'Alfred de Vigny Voir ici une anthologie des poèmes de la langue française I Les nuages couraient sur la lune enflammée Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée, Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon. Nous marchions, sans parler, dans l'humide gazon, Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes, Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des landes, Nous avons aperçu les grands ongles marqués Par les loups voyageurs que nous avions traqués. Nous avons écouté, retenant notre haleine Et le pas suspendu. — Ni le bois ni la plaine Ne poussaient un soupir dans les airs; seulement La girouette en deuil criait au firmament; Car le vent, élevé bien au-dessus des terres, N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires, Et les chênes d'en bas, contre les rocs penchés, Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés. Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la tête, Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête A regardé le sable en s'y couchant; bientôt, Lui que jamais ici l'on ne vit en défaut, A déclaré tout bas que ces marques récentes Annonçaient la démarche et les griffes puissantes De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Travail sur la mort du Loup (le poème signé Alfred de Vigny) La mort du Loup est un poème écrit en octobre 1838, issu du recueil des Destinées, publié à titre posthume en 1864. Vigny utilise l'animal pour donner une leçon, on peut donc rapprocher le poème à une fable. La noirceur de ce poème coïncide avec une phase sombre de sa vie qui a débuté avec la mort de sa mère et sa rupture avec Marie Dorval. Il vit désormais reclus, loin de la ville et au milieu de la nature, au Maine-Giraud en Charente seul avec sa femme. Vigny écrivait aussi des romans (Cinq Mars), et des pièces de théâtre, comme Chatterton, où il aborde la condition du poète. Dans le Journal d'un poète, un recueil (publié à titre posthume en 1867) autobiographique issu de carnets conservés par l'auteur, on constate une certaine importance de la chasse dans la vie de Vigny: son père lui contait souvent les grandes chasses dans le domaine familial. =>Ce poème comporte donc une portée autobiographique. Le poète se met en scène dans la poème.
-> Champ lexical des armes: « couteaux » ( v. 24); « fusils » (v. 25) -… contre un chien (donc pas un homme) Violence de la lutte, perspective épique: hyperboles:« mâchoires de fer » (v. 47); mouvements violents: « traversaient sa chair » (v. 48); « plongeant dans ses larges entrailles » (v. 50). / Durée de la lutte, prolongement du combat: -> enjambements -> action à l'imparfait de durée -> adverbes de temps soulignant la durée Figure symbolique du loup: -> qualités physiques: force, endurance. -> vertus: courage: le Loup se bat contre le chien jusqu'au bout. -> noblesse d'attitude: calme face à la mort, acceptation de la mort (signes de l'élévation de son âme) => figure du stoïcisme /Personnification du Loup, devenu homme: il est doté d'un esprit: « Il s'est jugé perdu » (v. 43); assimilation physique aux hommes: « debout » (v. 37); « les deux jambes dressées » (v. 41; d'ailleurs Aristote définissait l'Homme comme un bipède sans plumes); « s'assied » (v. 41); « ongles » (v. 42); « bouche » (v. 58).
Puis, le chasseur décrit une scène familiale, comme s'il était attendri par les louveteaux qui semblaient si peu menaçants. « ils dansent, ils font chaque jour les lévriers joyeux « dit-il, comme s'il se surprenait lui même a regarder ce joli tableau d'une famille aux habitudes et aux rituels si proches de celui des humains. Cette image qui se voit rassurante, ne fait pas partie de l'habitude des chasseurs ou de l'être humain en général, qui voit le loup seulement comme le prédateur qui doit être abattu à tout prix. • Ce poème a aussi une portée symbolique. -La louve romaine, ligne 38 est un mythe: la louve romaine a allaité Romulus et Remus, les fondateurs de Rome. Il y a ici une sorte d'échange, entre cette louve romaine allaitant deux enfants et le loup qui donne sa pensée a l'auteur. Cela explique la partie III par rapport aux deux précédentes, et le discours vis-à-vis du regard du loup. De Vigny renverse alors les rôles, le loup censé être le prédateur, est rendu au rend de victime, et c'est l'humain cette fois, qui est dans la position de supériorité face à l'animal.
La troisième partie nous dévoile la morale: « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse ». Le mot « silence » qui caractérise toute la première partie du poème devient ainsi le mot clé de tout le poème. Grâce au loup, l'homme apprend ainsi qu'il faut s'opposer à la triste réalité existentielle (= le destin) avec le silence et avec une fierté stoïque. L'homme n'a aucun espoir et Dieu n'existe pas. Dans les moments de souffrance, la seule chose à faire est de rester digne et vertueux. Domande e risposte Recensioni Vorrei copiarlo ma non posso, xo xo,
Rythme et sonorité doux: les louveteaux sont joyeux, mais leurs instincts leurs conseillent de rester sur leurs gardes. L'ennemi héréditaire des loups est l'homme (vers 35-16) et la lutte semble être inévitable. Les loups ont une noble attitude, les louveteaux et la mère ont une entière confiance au loup. Vers 40-60: personnification du loup avec la présence des jambes au lieu des pattes (vers 41). Idéalisation du loup contrairement aux chasseurs. Scène réaliste: "ongles crochus dans le sable enfoncées" (vers 42): cela montre que le loup est déterminé à ne pas reculer face aux chasseurs. Projection face à l'avenir (vers 43): il comprend qu'il n'a plus rien à faire, transposition du raisonnement de l'homme à l'animal. Il décide de mourir avec gloire. Fierté du loup qui ne manque pas de courage. Le loup prend vite sa décision (vers 45: "alors"). Les vers 45-52 montrent le dernier exploit du loup. Le loup décide de s'attaquer à un chien et il ne cède pas. Le loup ne reconnaît pas le chasseur comme un digne adversaire (le chien était comparé au loup au début de la poésie) Description réaliste et cruelle: ce n'est pas la cruauté du loup qui sort, mais sa fierté et sa gloire, il n'abdique pas sachant que l'issu sera fatal.